L'authenticité identitaire

La quête d'authenticité identitaire dans un rôle professionnel


La période actuelle de crise sanitaire, qui remet en cause tant de modèles économiques et aussi tant d’habitudes semblant aller de soi, pose à beaucoup la question du sens de leur rôle professionnel. Ils se demandent si ce qu’ils faisaient l’était machinalement, poussés par les événements sans choisir, ou bien pour répondre à une attente externe à eux-mêmes, à des injonctions d’origine familiale ou sociale : comment puis-je être davantage moi-même dans un rôle professionnel ?


Un nombre croissant de personnes, dans leur contexte professionnel, souffrent d’un manque de sens, bien que parfois performantes sur le plan de l’atteinte des objectifs qu’on attend d’elles. Ce manque se cristallise typiquement autour d’un problème d’authenticité dans l’identité qu’elles vivent dans leur rôle. Elles ont l’impression de ne pas être elles-mêmes, de se forcer à jouer un rôle qui ne leur ressemble pas, ou bien ne se sentent pas légitimes dans le rôle qu’on leur attribue. Une démarche de coaching peut aider une personne qui recherche davantage d’authenticité identitaire dans son rôle professionnel, qu’il s’agisse de trouver un autre rôle convenant mieux ou bien de vivre davantage de sens dans son rôle actuel.


L’authenticité, c’est avant tout un besoin perçu par une personne, dans sa subjectivité, « être vraiment soi-même ». C’est, souhaiter devenir, le plus possible, « une personne sincère et authentique qui s’assume telle qu’elle est (…) sans chercher à se dissimuler derrière une façade[1] ». C’est une quête, une recherche liée à un manque, un désir de libération d’une non-authenticité.


Pour la définir, on peut dire que l’authenticité ressemble à la sincérité et à l’intégrité, mais en diffère. Comme la sincérité, elle est affaire de vérité, sur soi, pour soi et les autres. Alors que la sincérité consiste à dire ce qu’on pense, comme la fiabilité à faire ce qu’on dit, l’authenticité, c’est être qui on est et se présenter aux autres comme tel. C’est exister en accord avec soi-même, avec ses valeurs, ses espérances, ses idéaux, et, pour cela, vouloir être le plus lucide possible sur soi, ce que la sincérité n’exige pas. L’authenticité ressemble aussi à l’intégrité, puisque toutes deux visent une conformité à des principes, mais la première va, en plus, faire droit à des valeurs comme la réalisation de soi, l’accomplissement de ses talents, le respect de ses propres préférences au lieu de se conformer aux modèles sociaux ou aux autres.


Coexistent des conceptions plurielles de l’authenticité. D’un côté, la « romantique », celle de Rousseau, comprend en elle l’écoute de notre originalité, de la « voix de la nature » en nous. De l’autre, l’« existentialiste », celle de Kierkegaard, Heidegger, Sartre, y voit une liberté de choix et une volonté assumée. Nous nous efforçons de concilier les deux.

L’identité, ont peut la définir, elle aussi, subjectivement, comme la manière dont la personne se raconte elle-même : « comme le sens de ce que nous sommes, de ce qui nous rend unique et qui est sujet au doute. Elle est pensée comme l’histoire narrative qu’une personne développe à propos d’elle-même (qui suis-je, quelle est ma place…). [2] » Le moi de chaque personne mérite le plus grand respect, permettant l’atteinte d’objectifs personnels, de fonder une identité robuste, et de rechercher une authenticité dans cette identité.


C’est comme une quête que se présente cette recherche d’authenticité identitaire. Le mot « quête », qui a la même racine étymologique que le mot « question », évoque à quel point ce sont de vraies questions, essentielles, existentielles, que la personne se pose dans cette recherche. Ces questions peuvent trouver pour les unes des réponses immédiates, mais pour les autres cela nécessite un temps beaucoup plus long. Et l’accompagnement du coach s'inscrit dans ce questionnement, accordant un respect inconditionnel à la personne dans son cheminement, tout en l’aidant par un cadre méthodologique et un rapport collaboratif se voulant sincèrement à son seul bénéfice.


Quant au rôle professionnel, c'est à la fois un travail, avec son contenu, ses responsabilités, ses exigences, ses satisfactions ou leur manque, et aussi une « identité sociale », comme un rôle tenu dans une pièce de théâtre dans laquelle chacun est en interaction avec d’autres, pour jouer un personnage avec des caractéristiques attendues. Ainsi trouve-t-on dans un dictionnaire cette définition du mot rôle : « ensemble de normes et d'attentes qui régissent le comportement d'un individu, du fait de son statut social ou de sa fonction dans un groupe [3] », qui dit bien cet aspect social extérieur à la personne. C'est vis-à-vis de ces deux dimensions du rôle professionnel, telles qu’expérimentées par la personne, le vécu du travail lui-même et le vécu social associé – selon ses motivations intrinsèques et extrinsèques – que se pose la question de l’authenticité identitaire.


[1] Rogers (1983). [2] Fantini-Hauwel (2018).[3] https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/r%C3%B4le/69736, consulté le 1/3/21.